Méditation du mois de mars
Saint Joseph
Ce mois de mars est spirituellement riche et dense, parce qu’au cœur même de ce mois, nous fêtons saint Joseph. Il nous plaît particulièrement de nous arrêter un instant sur la vie de ce saint hors norme. « Beaucoup de saints ont souffert davantage de fait de leurs biographes que de la main de leurs persécuteurs, disait L. EVELY ». Saint Joseph est un des saints qui ont le plus souffert du zèle de leurs admirateurs. On s’est plu à le représenter vieux, usé, poussiéreux, presque patriarcal. On lui a enlevé toute jeunesse, tout caractère, tout relief jusqu’à le rendre invraisemblable et presqu’odieux ce projet de mariage entre une toute jeune fille et ce vieillard, au point où Son Eminence le Cardinal Suenens disait : « c’était une tradition bien étrangère à la foi qui avait prêté à Saint Joseph ce caractère factice de vieillard effacé, presqu’anonyme. »
Heureusement, l’idée que notre temps se fait de ce glorieux Patron s’est considérablement transformée. Aujourd’hui, nous imaginons Joseph comme un jeune homme, un fiancé, le jeune époux d’une jeune fille. Quand Dieu entre dans une vie, Il commence généralement par la bouleverser. Ce fut le cas de Saint Joseph. Il a cru. Il a dû accepter que Dieu soit entré dans sa vie de façon si bouleversante.
En dehors de ce qui nous a été rapporté dans l’Ecriture, nous ne savons rien de sûr à propos de saint Joseph. Cela nous suffit cependant pour reconnaître en lui un saint authentique, et pour comprendre le rôle important qu’il a joué dans le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. De la descendance de David, époux de la Vierge Marie, il a transmis à Jésus le titre messianique. Il fut l’homme choisi par Dieu pour veiller sur les deux êtres qui lui étaient les plus chers sur la terre.
L’Evangile nous rapporte comment il sauva l’Enfant que le roi Hérode cherchait afin de le faire périr. C’est l’épisode de la fuite en Egypte. Il est encore question de Joseph lors de la « fugue » de Jésus à l’âge de 12 ans. Mais Saint Joseph, dans le plan de Dieu, n’est certainement pas le simple instrument que l’on oublie une fois que l’on n’en a plus besoin. Comme tous les saints, et plus que d’autres, il nous transmet aujourd’hui un message par son exemple.
Joseph est qualifié de « juste ». Ce mot, dans le langage biblique, a un sens fort ; il désigne l’homme qui se conforme parfaitement à la foi divine. De la descendance d’Abraham, le père des croyants, Joseph fut également un modèle de foi. On est frappé par sa disponibilité ; celle-ci ne pouvait venir que d’une attitude d’écoute continuelle. Joseph fut l’homme qui tend l’oreille, l’oreille du cœur, à la Parole du Seigneur. Il fut simplement un homme de silence, un silence qui n’était pas mutisme. Aucune parole de lui ne nous a été rapportée. Il est le modèle des contemplatifs. L’homme des actions concrètes. Quand Dieu lui parle, il n’a pas besoin de miracle, d’explication et de preuve. Il a cru.
On peut dire que saint Joseph est un patron et un modèle de notre temps parce qu’il a vécu la vie la plus semblable à la nôtre, parce qu’il a rencontré les mêmes épreuves, en les supportant seulement mieux que nous. Il reste le modèle de tous ceux qui savent s’occuper des choses de Dieu et des intérêts des autres, sans soigner d’abord les leurs. S’occuper d’un enfant qui ne lui appartenait pas, et respecter une femme qu’il s’était mise sous sa garde ne peut provenir que d’un juste. Son dévouement avait atteint son paroxysme, tout en restant volontairement dans l’ombre. Saint Joseph ne dit pas une parole, mais a bien tenu la place que Dieu lui avait confiée. Puisse-t-il susciter en nous ces vertus, en ce mois qui lui est dédié !
P. Thomas MBAYE