Méditation sur la Sainte Famille
À peine Jésus est-il né que Satan s’acharne à sa perte. L’hostilité d’Hérode, en effet, n’a pas désarmé. Hérode ne recule devant aucune cruauté. Joseph, tuteur de Jésus se retrouve au premier plan du récit de ce dimanche. C’est lui le dépositaire de l’autorité dans la Sainte Famille puisque l’autorité se rattache non à la science ou à la sainteté mais à la fonction. En pleine nuit, il reçoit un second message de Dieu et, cette fois, sous la forme d’une injonction. : « Prends avec toi l’enfant et sa mère […] Fuis en Égypte ». Il n’ y a pas à tergiverser. Il faut partir sur-le-champ pour la lointaine Égypte. L’ange ne précise pas la durée du séjour au pays étranger. La parfaite disponibilité de Joseph à l’égard des desseins du Père est une fois de plus mise à l’épreuve. Mais Joseph sait que la volonté divine est toujours adorable, qu’elle s’exprime par des inspirations secrètes ou par des ordres. Aussi, à peine a-t-il saisi le message de l’ange qu’il se lève s’apprête à partir. En fuyant en Égypte, il est clair que ce n’est pas la vie des privilégiés que le Fils de Dieu a voulu partager, mais celle des pauvres, des réfugiés et des immigrants méprisés, selon la ligne même de l’incarnation. La fuite en Égypte est l’épisode le plus dramatique de l’enfance de Jésus, avec toutes les péripéties et les misère des réfugiés, que l’on peut deviner.
Jamais homme n’a autant plongé au cœur de l’aventure humaine que ce Jésus qui vient de naître à Bethléem et qui, pour mieux vaincre toute servitude ou en secouer le joug, va l’assumer jusqu’ bout et de l’intérieur. Ainsi, en dépit du mauvais vouloir d’Hérode, Dieu n‘en continue pas moins son plan de salut. Son dessein est de déjouer les complots d’Hérode, non par des miracles, mais par les mesures ordinaires de la prudence humaine. La fuite en Égypte peut être perçue comme la prédilection divine pour ce qui est petit, faible, inconsidéré. Jésus accomplit par-là les prophéties relatives à l’humilité du Serviteur souffrant. C’est ainsi que le premier-né de Dieu, le Fils, apparaît au monde, comme sans résistance vis-à-vis la puissance terrestre.
L’évangile d’aujourd’hui nous apprend que c’est au sein d’une famille que Jésus a mûri son projet et qu’il a appris à être disponible aux affaires de son Père. Sa divinité ne l’a pas soustrait de la condition humaine. Refuser l’influence d’une famille sur sa croissance serait refuser la réalité de l’incarnation. Dieu a voulu que son Fils fait homme vive et grandisse comme tous les hommes, au sein d’une famille, élevé dans la tendresse pieuse de sa sainte Mère, protégé par la vigilance de son père adoptif. Ce que Jésus sera plus tard dans sa conviction inébranlable du don total aux autres, dans son engagement jamais démenti à sa mission ; ce qu’il sera définitivement dans sa résurrection, Jésus le vit déjà progressivement dans son être d’enfant qui apprend à affronter la vie entre Joseph et Marie.
Bonne Fête de la Sainte Famille !















